Avec l’automne reviennent les vendanges, les champignons, les citrouilles d’Halloween… et les acariens. Planqués dans votre literie, ils provoquent des rhinites, dermatites, voire de l’asthme chez ceux qui les tolèrent mal. Retour sur les symptômes, les mécanismes physiologiques et les moyens de remédier à l’allergie aux acariens.
Qui sont les acariens?
Tout comme les araignées et les scorpions, les acariens font partie de la classe des arachnides. Minuscules, voire microscopiques, il en existe plus de 50 000 espèces répertoriées. Dans vos draps, vos couettes ou vos moquettes, des acariens d’environ 0,3 millimètres de long participent au processus de dégradation de la matière organique en se nourrissant de vos peaux mortes. Ils aiment la chaleur (plus de 20 degrés), l’humidité, et représentent environ 90% de la poussière de votre maison.
Jusqu’à 10 000 acariens peuvent se nicher dans un seul gramme de poussière. Les acariens vivent en moyenne 3 mois.
Comment survient l’allergie ?
Il y a allergie quand l’organisme réagit à une substance présente dans l’environnement, a priori inoffensive mais qui présente la particularité d’être un allergène. Concernant les acariens, les allergènes sont présents, avant tout, dans leurs excréments. Dans une moindre mesure, elles sont liées à la désagrégation des acariens morts.
L’allergie survient chez des personnes qui présentent un terrain atopique, c’est-à-dire qu’en présence d’allergènes, elles sont prédisposées génétiquement à produire des anticorps Immunoglobulines E (IgE) impliqués dans l’apparition des allergies.
> Une première exposition aux acariens conduit l’organisme atopique à fabriquer des IgE, capables d’identifier précisément l’allergène en cause et qui vont aller se fixer sur certaines cellules de l’organisme. Cette phase est de durée variable et ne provoque pas de symptômes.
> Lors d’une exposition ultérieure, l’allergène va stimuler les cellules sur lesquelles se sont fixées les IgE et engendrer la libération d’histamine, médiateur chimique de l’inflammation. Les symptômes de l’allergie apparaissent quelques minutes ou, tout au plus, deux heures après l’exposition.
Quels sont les symptômes d’une allergie aux acariens ?
> Le symptôme classique de l’allergie aux acariens est la rhinite : inflammation de la muqueuse nasale avec une alternance nez bouché / nez qui coule, crises d’éternuements, démangeaisons du nez.
> L’allergie peut aussi provoquer une conjonctivite avec des larmoiements, des rougeurs et des démangeaisons au niveau des yeux.
> Maux de tête, des maux de gorge, toux (plutôt sèche) peuvent survenir.
> Une oppression de la poitrine, des difficultés à respirer, des sifflements respiratoires ou de l’asthme sont rencontrées chez les personnes prédisposées.
> L’allergie peut aussi affecter la peau en exacerbant ou en aggravant une dermatite atopique.
> Durant la nuit et au moment du réveil, les symptômes sont plus forts. En cause, une proximité rapprochée et prolongée avec les acariens présents dans la literie. Les symptômes peuvent aussi s’accentuer durant les tâches ménagères qui remuent la poussière.
> Fatigue, mauvaise humeur, difficultés à se concentrer, productivité en berne sont les conséquences logiques d’un sommeil dégradé.
> Les symptômes sont plus importants à l’automne et en hiver, car les logements sont moins aérés.
Comment est diagnostiquée l’allergie aux acariens ?
Le diagnostic s’effectue chez un médecin allergologue.
> Après un interrogatoire, le médecin réalise un bilan allergologique.
> Un test cutané, appelé prick-test, permet d’identifier l’allergène et donc de vérifier que les acariens sont bien à l’origine de l’allergie. Le prick-test consiste à déposer une goutte de l’allergène sur la peau, puis de piquer pour que la goutte pénètre légèrement l’épiderme. Il faut ensuite patienter 15 minutes et observer. En cas d’allergie, la peau réagit en présentant rougeur et gonflement à l’endroit du test. Le prick-test est généralement suffisant pour réussir à identifier une allergie aux acariens.
> Un dosage des anticorps IgE spécifiques par analyse sanguine peut être réalisé en cas de doute persistant sur l’origine de l’allergie.
Comment se soigner ?
> Les mesures d’éviction sont controversées car les études récentes n’ont pas démontré une grande efficacité. Si elles sont adoptées, elles doivent l’être avec la plus grande rigueur pour réduire significativement le volume d’acariens et espérer obtenir une diminution des symptômes allergiques.
Elles consistent en :
– le choix d’une literie anti-acariens et l’utilisation d’un protège-matelas ;
– le retrait de la chambre des tapis, moquettes et peluches ;
– le maintien d’une température à 18-19 degrés dans la chambre ;
– le maintien d’une humidité inférieure à 50% dans la chambre : bien aérer, utiliser un déshumidificateur ou l’air conditionné, vivre en altitude… ;
– le lavage à 60° des draps, housses de couette, taies d’oreillers une fois par semaine, et des couettes, couvertures, oreillers tous les deux mois ;
– le passage de l’aspirateur, si possible avec filtre HEPA, une fois par semaine, par le conjoint, ou en portant un masque.
> Le traitement symptomatique de l’asthme, de la rhinite et/ou de la dermatite atopique est efficace pour réduire les symptômes :
– Les antihistaminiques permettent de réduire les effets de la rhinite, de la conjonctivite et les démangeaisons.
– L’action anti-inflammatoire des corticoïdes calme les symptômes de la rhinite et de l’asthme.
– L’adrénaline par voie injectable est le traitement d’urgence du choc anaphylactique.
Le traitement symptomatique ne supprime pas l’allergie et ne modifie pas son évolution naturelle.
> La désensibilisation (immunothérapie spécifique) est le seul traitement qui permet de guérir une rhinite ou un asthme allergique. Elle consiste à administrer, par injection sous-cutanée sous contrôle médical ou par prise sublinguale (à laisser fondre sous la langue), des extraits d’allergènes, à des doses progressivement plus élevées au fil du traitement. Le traitement dure ainsi plusieurs années et vise à stimuler le système immunitaire pour que l’organisme devienne tolérant aux acariens. Les effets de l’allergie apparaissent souvent après quelques mois de traitement et perdurent après son arrêt.
Albanne A., journaliste santé
Sources: ameli.fr, Revue Médicale Suisse, site internet du CHU de Nantes.