Sous-diagnostiquée chez les jeunes femmes, présente chez 10% des 30-45 ans, l’endométriose altère la qualité de vie en entraînant des douleurs, de l’inconfort et nuit à la fertilité. Le point sur ce fléau et les prises en charge possibles.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
On parle d’endométriose, quand du tissu similaire à la muqueuse utérine est présent en dehors de la cavité utérine : au niveau des ovaires, du péritoine, des intestins, de la vessie…
Pour pouvoir se greffer sur ces organes, les cellules se modifient et ne sont donc plus complètement identiques à celles de l’endomètre, mais elles continuent de réagir aux variations hormonales, ce qui entraîne des douleurs et de l’inconfort. 70% des femmes touchées souffrent de douleurs invalidantes.
L’endométriose touche environ 10% des femmes, mais elle est sous-diagnostiquée chez les jeunes femmes car elle est souvent détectée à l’occasion d’un projet bébé. 40% des cas d’infertilité sont dus à l’endométriose et « il y a 7 ans d’errance médicale, en moyenne, avant la pose du diagnostic », précise Carole Minker, pharmacienne et formatrice à l’institut de formation à la fertilité.
Quels sont les symptômes ?
Il existe plusieurs formes d’endométriose et chaque femme réagit différemment à la maladie. Partant de là, les symptômes varient, mais « la présence des 5D doit alerter », pointe Carole Minker.
5 D, pour 5 Douleurs quasi-systématiquement rencontrées dans l’endométriose :
> La dysménorrhée intense, principal signe : maux de ventre intenses pendant les règles ;
> La dyspareunie profonde : douleurs importantes pendant les rapports sexuels ;
> Les douleurs à la défécation à recrudescence cataméniale : douleurs à la selle, qui s’accentuent pendant les règles ;
> Les douleurs « vésicales » à recrudescence cataméniale : douleur à la vessie, plus intenses pendant les règles ;
> Une douleur pelvienne chronique, diffuse, dans tout le bas-ventre.
A ces symptômes « classiques » peuvent s’en ajouter d’autres, comme « des troubles digestifs, une infertilité, des douleurs qui résistent parfois aux antalgiques, décrit Carole Minker. L’endométriose provoque aussi des lésions au niveau des nerfs hyper-sensitifs, ce qui peut engendrer des douleurs au niveaux des système digestif et veineux ».
Quelles sont les différentes formes d’endométriose ?
On parle aujourd’hui davantage de « formes » d’endométriose, plutôt que de « stades » (I-II-III-IV). Sur la base des recommandations pour la pratique clinique de l’endométriose, la Haute Autorité de Santé (HAS) et le collège national des gynécologues et obstétriciens de France distinguent trois formes d’endométriose :
> L’endométriose superficielle – ou péritonéale – correspond à la présence d’implants d’endomètre à la surface du péritoine (membrane recouvrant la cavité abdominale) ;
> L’endométriose ovarienne désigne la formation d’un kyste de l’ovaire contenant un liquide marron
> L’endométriose profonde – ou sous-péritonéale- concerne les situations où les lésions s’infiltrent à plus de 5 millimètres sous la surface du péritoine, atteignant l’intestin, la vessie, ou encore l’appendice.
Il existe aussi des formes d’endométriose extra pelvienne, comme l’endométriose diaphragmatique et thoracique.
Quels sont les traitements ?
Il n’existe pas de traitement spécifique à l’endométriose, mais « il est tout-à-fait possible de traiter les symptômes douloureux avec des traitements médicaux en première intention, avec les traitements antalgiques de palier 1 ou de palier 2, assurait Louis Marcellin, gynécologue à l’hôpital Cochin de Paris, au micro de La minute de la Revue du Praticien lors de la journée mondiale contre l’endométriose. Le médecin citait ensuite « les traitements hormonaux, qui vont entraîner un blocage de la fonction ovarienne, ce qui va permettre de limiter l’inflammation des lésions. Ces traitements hormonaux sont les contraceptifs de type oestroprogestatif, ou des microprogestatifs. »
> L’acupuncture, l’ostéopathie et le yoga sont préconisés par la HAS en complément de la prise en charge médicale.
> Des centres de référence se tiennent par ailleurs à disposition des « patientes qui présentent une résistance au traitement médical et pour qui la prise en charge chirurgicale pourra se discuter », ajoutait Louis Marcellin au micro de La Revue du Praticien. Les femmes qui cherchent à avoir un enfant, les couples qui présentent une infertilité avérée, devront être orientés rapidement vers des centres de PMA pour une aide médicale à la procréation ».
Un tiers des cas d’endométriose ne se développe pas, stagne ou régresse spontanément, ou à l’aide des traitements. Certaines formes évolueront, en revanche, vers formes sévères. Si la maladie n’engage pas le pronostic vital, elle peut en revanche invalider le quotidien au point de représenter un véritable handicap. Elle peut notamment être à l’origine de vaginisme, un réflexe musculaire involontaire empêchant la pénétration du vagin. « A force d’avoir mal pendant les rapports sexuels, le corps enregistre l’information et se protège », explique Céline Vendé, sexologue et thérapeute à Bordeaux, spécialisée notamment dans l’accompagnement des femmes atteintes d’endométriose.
> Quand la forme est sévère, la prise en charge de l’endométriose est donc multidisciplinaire, impliquant gynécologues, algologues, sexologues, psychologues, assistantes sociales.
Albanne A., journaliste santé
Sources :
Association Endofrance :
La Revue du Praticien : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7038795402485067776/?utm_source=share&utm_medium=member_android