Très répandue, la fausse couche entraîne souvent un bouleversement émotionnel et son risque augmente avec l’âge. Souvent sans conséquences sur la maternité future, elle est fréquemment liée à des anomalies de l’embryon et nécessite, dans certains cas, une consultation en urgence.
Le risque de fausse couche – arrêt spontané de la grossesse – est de 9% à 20 ans, de 20% à 35 ans, de 40% à 40 ans. Il atteint 80% au-delà de 45 ans. Retour sur les causes, les modes de diagnostic, les symptômes et la prise en charge médicale. Des accompagnements existent aussi, pour mieux traverser les bouleversements émotionnels qu’elle peut entraîner.
Qu’est-ce qu’une fausse couche ?
La fausse couche est une interruption spontanée de la grossesse, qui a lieu au cours des 5 premiers mois (avant la 22e semaine d’aménorrhée, date à laquelle le fœtus est viable).
On distingue :
> La fausse couche précoce, qui survient avant la 14e semaine d’aménorrhée (fin du premier trimestre). C’est le cas le plus fréquent, il concerne 90 à 95% des fausses couches.
> La fausse couche tardive, qui survient entre la 14e et la 22e semaine d’aménorrhée.
> La fausse couche isolée, qui touche environ 15% des grossesses, et dont risque augmente avec l’âge. Il est de 12% par cycle à 25 ans et de 50% à 42 ans.
> La fausse couche « à répétition », qui concerne la femme de moins de 40 ans qui présente au moins 3 fausses couches spontanées consécutives avant 14 semaines d’aménorrhée avec le même partenaire. Ce type de fausses couches concerne 1,5% des femmes. Les causes les plus fréquentes sont : une anomalie de l’utérus ou de la cavité utérine, des anomalies génétiques ou de la coagulation sanguine, des perturbations hormonales.
A noter : Si une fausse couche unique n’a aucune influence sur le succès des grossesses futures, l’existence de deux fausses couches successives (avec le même père) semble augmenter le risque d’en développer une nouvelle. À partir de trois fausses couches successives avec le même père, on parle de « maladie abortive » et la recherche approfondie de ses causes est nécessaire.
Quelles sont les causes des fausses couches ?
Parmi les causes de la fausse couche figurent notamment :
> Les anomalies de l’embryon, dans 60% des cas et plus particulièrement durant le premier trimestre de la grossesse. Le corps de la mère réagit alors naturellement, en expulsant un embryon qui ne serait pas capable de survivre. Ces anomalies touchent les chromosomes ou le développement embryonnaire. Elles sont souvent la cause des fausses couches dites isolées.
> Une maladie maternelle, comme un diabète qui n’est pas suffisamment bien contrôlé, une maladie de la glande thyroïde, des problèmes hormonaux, une maladie immunitaire comme le lupus, la maladie coeliaque, des troubles de la coagulation sanguine, des anomalies de l’utérus ou du col de l’utérus (fibrome, polypes, syndrome des ovaires polykystiques…). Ces dernières sont fréquemment rencontrées dans le cas des fausses couches à répétition.
> Une infection : toxoplasmose, rubéole, listériose, infection par les salmonelles…, ou un épisode de forte fièvre
> La prise de certains médicaments, de certaines plantes ou de certains produits chimiques
> La consommation d’alcool, de drogues, la consommation excessive de café
> Une amniocentèse
> L’obésité, le tabagisme ou l’exposition à des pesticides sont des facteurs aggravants.
> L’œuf clair concerne le cas particulier dans lequel le placenta et les membranes embryonnaires se développent en l’absence d’embryon.
Quels sont les symptômes de la fausse couche ?
La fausse couche se manifeste par :
> Des saignements vaginaux qui peuvent être irréguliers ou non, rouges ou bruns, abondants ou légers… Attention, un saignement par voie vaginale en début de grossesse n’annonce pas toujours une fausse couche. Un quart des femmes enceintes qui en présentent un au cours du 1er trimestre poursuivent leur grossesse normalement. En revanche, si le saignement est accompagné de douleurs, il s’agit plus probablement d’une fausse couche.
> Une expulsion de tissus brunâtres ou de caillots de sang par le vagin
> Des douleurs diffuses et constantes dans le bas du dos ou au niveau de l’abdomen
> Des crampes pelviennes, de type douleurs de règles.
> Certaines femmes ne ressentent aucun symptôme. La fausse couche est alors révélée à l’occasion d’une échographie.
Comment la fausse couche est-elle diagnostiquée et traitée ?
> L’échographie abdomino-pelvienne permet de confirmer ou d’infirmer la présence d’une fausse couche, d’une grossesse arrêtée ou d’une grossesse extra-utérine (voire infra).
> Un traitement médicamenteux (misoprostol) est nécessaire si la grossesse est arrêtée mais que l’œuf n’a pas été expulsé naturellement. Il accentue les contractions utérines, provoquant ainsi l’ouverture du col et l’expulsion des tissus intra-utérins.
> Un traitement chirurgical est nécessaire si la patiente refuse le médicament ou si sa prise n’a pas été efficace, si les saignements sont abondants ou en cas de trouble de la coagulation. Ce traitement consiste en une aspiration des tissus embryonnaires, pratiquée sous anesthésie générale ou locorégionale.
Consultez un médecin en urgence…
> En cas de suspicion de fausse couche hémorragique. Celle-ci se manifeste par des saignements vaginaux abondants et des symptômes de choc : faiblesse, étourdissements, vertiges, confusion, fièvre soudaine, accélération du rythme cardiaque, nausées ou vomissements.
> En cas de suspicion de grossesse extra-utérine. L’œuf fécondé se fixe en dehors de la cavité utérine, le plus souvent dans la trompe. Les symptômes sont proches de ceux d’une fausse couche, mais le risque de rupture de la trompe présente un danger pour la santé de la mère et sa fertilité. En cas de douleurs abdominales sévères et persistantes – pouvant irradier dans une épaule -, suivies de petits saignements vaginaux et d’un état de faiblesse, la consultation en urgence est de mise.
Un bouleversement émotionnel
La façon de vivre une fausse couche, sur le plan émotionnel et psychologique, est très personnelle. On peut supposer qu’une fausse couche tardive est plus douloureuse qu’une fausse couche précoce, mais l’avancée dans la grossesse n’est pas le seul critère.
> Plus le bébé ou le projet parental a été investi, plus l’impact psychologique est fort. La volonté d’avoir un bébé, l’histoire de la mère, sa sensibilité, son avancée dans l’âge, son ancienneté dans le projet parental ou les échecs rencontrés dans son parcours vers la maternité sont autant d’éléments qui peuvent peser dans la balance. Ne vous jugez pas. Quel que soit votre ressenti, il est pleinement légitime.
> Le retentissement psychologique est parfois inattendu pour les mères. En plus des chamboulements hormonaux, celles qui n’ont jamais été confrontées à un deuil ne sont pas forcément préparées à cette expérience et à ce qu’elle peut susciter en elles, car c’est bien d’un deuil qu’il s’agit : deuil d’un enfant, d’un projet, d’une nouvelle identité naissante, celle de maman, ou d’un nouveau stade dans sa vie de femme…
> Vous avez l’impression de perdre pied ? Rassurez-vous, ce sentiment finira par disparaître. Vous avez perdu un espoir, ou vous avez dû renoncer à un projet de vie, un bébé, c’est une des épreuves les plus difficiles à vivre. De nombreuses femmes qui vivent la même épreuve sont confrontées à ce que vous ressentez. C’est un passage, cela fait partie du processus de deuil et ces sentiments sont amenés à se transformer progressivement.
Des accompagnements psychologiques existent
L’association Agapa propose :
– Un entretien pour accueillir la personne et lui permettre de déposer son émotion (gratuit). Cet entretien peut se faire en visio.
– Des cafés-rencontres ponctuels (gratuit)
– Des groupes de parole fixes d’entraide (participation financière en fonction des revenus)
– Un parcours d’accompagnement avec une écoutante formée (20 rencontres environ, à raison de 25 euros par séance), pour apprendre à aider les personnes à intégrer le deuil de la grossesse et à trouver en elles les ressources pour avancer.
> La psychothérapie peut être nécessaire si la fausse couche a soulevé ou ravivé des blessures plus profondes.
> Des cercles de parole se mettent place pour offrir un espace d’échange entre parents
> Des groupes Facebook (ex : Grossesse et fausse couche (je veux être enceinte) ) permettent de mettre en relation des personnes ayant vécu cette expérience
Albanne A.
Journaliste santé
Sources:
www.vidal.fr: https://vu.fr/IOjy
Association Agapa, accompagnement au deuil périnatal: https://association-agapa.fr/