Stimulation ovarienne, insémination artificielle, fécondation in vitro (FIV) sont autant de techniques médicales utilisées en France pour accompagner les couples infertiles dans leur projet d’enfant.
En 2018 en France, 758 590 enfants sont nés dont 25 120 grâce à l’assistance médicale à la procréation (AMP), après 148 711 tentatives. Retour les techniques employées en France pour favoriser la grossesse, leurs intérêts et leurs effets secondaires.
La stimulation ovarienne
La stimulation ovarienne est un traitement hormonal prescrit aux femmes qui souhaitent tomber enceintes mais qui n’ovulent pas ou dont l’ovulation est de mauvaise qualité. Elle permet d’aider les follicules – renfermant les ovocytes – à grossir pour les mener vers l’ovulation, et/ou à préparer la muqueuse utérine à l’implantation de l’embryon (FIV). Ce traitement est prescrit, notamment, en cas de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Administré par voie orale ou injectable, il débute généralement à partir du troisième ou du cinquième jour après le début des règles.
> Les injections doivent avoir lieu chaque jour, approximativement à la même heure.
> A partir de J8, une échographie vaginale ou un dosage d’hormones dans le sang permet de mesurer la taille des follicules ovariens. Le traitement est alors ajusté. « La dose que l’on m’avait prescrite était très faible et la maturation du follicule était trop lente », se souvient Carine (1), qui a subi un traitement hormonal en 2015 avant de tomber enceinte de sa fille. A la suite de l’échographie de contrôle, sa gynécologue a donc décidé d’augmenter les doses.
> L’ovulation approchante est surveillée de près grâce aux échographies. « A la date présumée de l’ovulation, le follicule n’avait pas suffisamment maturé, le gynécologue nous donc demandé de continuer le traitement un jour de plus et de revenir le lendemain ».
> Une fois le follicule mature, le traitement est stoppé. Une autre hormone peut alors être injectée à son tour pour provoquer la rupture de la membrane folliculaire et la libération de l’ovule dans la trompe. En d’autres termes, déclencher l’ovulation.
Le gynécologue informe alors le couple des jours optimaux pour les rapports sexuels ou pour procéder à l’insémination artificielle.
L’insémination artificielle
« Après trois cycles de stimulation ovarienne, nous avons eu recours à l’insémination artificielle », raconte Carine. Au moment de l’ovulation, un médecin spécialisé en fertilité injecte alors les spermatozoïdes du père – ou d’un donneur anonyme – dans l’utérus de la femme, à l’aide d’un tube souple et fin. Les spermatozoïdes mobiles remontent naturellement vers les trompes, pour aller à la rencontre de l’ovocyte. La fécondation s’opère naturellement. 6 inséminations sont prises en charge par l’assurance maladie.
> L’insémination artificielle est pratiquée sur indication du médecin, après qu’un bilan de fertilité ait été effectué. Celui-ci a pu mettre en évidence, par exemple, des altérations légères du spermogramme, une pathologie du col de l’utérus, ou encore une endométriose. La pratique permet d’aider les spermatozoïdes à rejoindre les trompes, augmentant ainsi les chances de fécondation.
> L’insémination est généralement consécutive à une stimulation ovarienne. « En début de cycle, nous avions repris les injections d’hormones chargées de faire mûrir les follicules et de déclencher l’ovulation, se souvient Carine. Après 2 à 5 jours d’abstinence pour constituer une réserve optimale de spermatozoïdes, nous nous sommes rendus à la clinique le jour indiqué pour l’insémination ».
> En pratique, le sperme du conjoint est recueilli le jour de l’insémination par masturbation. Dans certains cas, comme par exemple lorsque l’homme présente une azoospermie (absence de spermatozoïdes), le sperme est issu d’un donneur anonyme. Dans ce cas, il a été congelé sous forme de paillettes. Il est décongelé le jour de l’insémination et les spermatozoïdes sont récupérés.
La fécondation in vitro (FIV)
La fécondation in vitro (FIV) consiste à reproduire le processus de fécondation, en dehors de l’utérus maternel. Elle est consécutive à un traitement hormonal visant à stimuler la croissance folliculaire et à déclencher l’ovulation. 4 FIV sont prises en charge par l’assurance maladie.
> Après l’ovulation, une ponction folliculaire est réalisée par voie vaginale, sous contrôle échographique et sous anesthésie locale ou générale (sauf s’il y a recours au don d’ovocyte). Les ovocytes sont ensuite prélevés dans les follicules. En parallèle, les spermatozoïdes sont prélevés dans le sperme du père ou du donneur. Ovocytes et spermatozoïdes sont placés dans une boîte de culture. Les seconds viennent alors à la rencontre des premiers sans aide extérieure, sauf dans le cas d’une FIV avec ICSI (Intracytoplasmic Sperm Injection), qui consiste à injecter un spermatozoïde dans l’ovocyte, à l’aide d’une micro-pipette.
> Les ovocytes fécondés sont identifiés dès le lendemain, puis les embryons se développent, et un ou deux d’entre eux sont introduits dans l’utérus de la femme par voie vaginale, à l’aide d’un cathéter fin.
Gare à l’hyperstimulation
> Les traitements hormonaux peuvent entraîner des effets secondaires. « Je me souviens avoir eu très mal au ventre et m’être sentie très fatiguée, se remémore Carine. J’étais aussi à fleur de peau, j’avais mal à la tête, plus d’acné, et des bouffées de chaleur ». Selon les femmes, les symptômes seront plus ou moins prononcés. Ils pourront aussi consister en des variations de libido, des changements d’humeur, des saignements vaginaux, des tensions dans les seins ou dans le ventre.
> Une consultation médicale urgente est nécessaire en cas de gonflement et de douleurs abdominales violentes, de prise de poids brutale, de troubles digestifs. Ces symptômes peuvent indiquer une hyperstimulation ovarienne.
> Les complications liées à la ponction folliculaire sont exceptionnelles : hémorragie, infection abdominale…
Un parcours difficile
Huit années après le début du traitement par FIV, 48% des couples deviennent parents grâce au traitement médical. 12% le deviennent naturellement, après des années d’infécondité (6). 27% des couples décident de stopper leur traitement dans le centre d’AMP après la première FIV, 34% après la seconde et 42% après la troisième.
« Ces parcours sont lourds physiquement, émotionnellement, ce n’est pas anodin pour le corps, ni pour la relation de couple, notamment parce que la sexualité est organisé, conditionnée », confie Carine.
Des compléments sur conseil
La prise de compléments alimentaires ou de plantes peut aider à réduire les effets indésirables des traitements et leurs impacts sur l’état général. « Le magnésium aide par exemple à réduire le stress ou améliore le sommeil », suggère Eugénie Guyennon. « Attention à la complémentation spontanée ou orientée par un professionnel non qualifié en fertilité, met toutefois en garde Carole Minker, pharmacienne et formatrice à l’institut de formation à la fertilité. Elle pourrait s’avérer contre-productive, et pourrait même interagir avec les traitements en cours. Le gattilier, par exemple, agit au niveau hypophysaire, centre de commande de l’activité hormonale. Il peut interagir avec le traitement pour la fertilité, chargé de prendre la commande de cette activité hormonale ». Autre exemple, « la prise de compléments alimentaires trop antioxydants chez l’homme peut créer un stress réducteur, or un certain taux de radicaux libres est nécessaire à la fonction de reproduction ». Demandez conseil à votre pharmacien !
Albanne A.
Journaliste santé
(1) Le prénom a été changé afin de préserver l’anonymat
Sources :
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM): https://vu.fr/YkrO
Centre médical de fertilité cpma Lausanne: https://vu.frvkpOH
www.ameli.fr: https://vu.fr/eJtCl
Institut National d’études démographiques (INED): https://vu.fr/xALh
2 commentaires
[…] > Un traitement pour la fertilité, si une grossesse est désirée. Selon les cas, le traitement visera à restaurer les cycles menstruels, à stimuler la maturation folliculaire, à déclencher l’ovulation, ou la patiente aura recours à la procréation médicalement assistée (PMA). […]
[…] une infertilité avérée, devront être orientés rapidement vers des centres de PMA pour une aide médicale à la procréation […]